Comme une Geisha

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«Un secret t’es montré, qui te fût si longtemps caché, une aurore se lève, et c’est toi qui l’enténébrais encore. C’est toi qui voiles à ton cœur l’intime de son mystère, et si ce n’était toi, ton cœur ne serait pas scellé. » Husayn Mansûr Hallâj, Dîwân, éd. Points, Traduction Louis Massignon.

Chams était dans une sorte de refoulement concernant son histoire avec son élève Lî-en Nguyen. Pourtant le Docteur Miguel réussissait tant bien que mal à lui extirper des bribes de souvenirs et d’explications. Cette aventure était encore trop récente, trop fraîche, comme marquée dans sa chair et son sang. Pourtant il ne pouvait s’empêcher de se souvenir… même si cela faisait bientôt deux.. trois... cinq ans déjà. Et, comme le lui avait dit son ami Philippe qui l’avait prévenu, « la passion est le corollaire d’une histoire sans issue, sans perspective ». 

Comment tout cela avait-il commencé ? Il y eut d’abord un coup de foudre : Lay était habillée de noir et conduisait avec une autre monitrice bientôt sur le point de partir à la retraite. Magalie son enseignante qui était la plus âgée des salariés de la SARL Francky, était dans le véhicule garé sur le parking de l’examen au côté de Lay assise côté conductrice. « Coucou ! Comment ça va Chams ? », Lança cette collègue proche de la retraite. Et Chams de répondre, « très bien Mag, et toi ? », avec un large sourire charmeur qui lui était caractéristique… L’attirance était là. Chams avait beau faire semblant de ne pas être sensible à Lay, c’était comme Ulysse luttant contre l’appelle des sirènes. Lay baissa les yeux et sourit à son tour, avec ce charme typiquement asiatique où pudeur et soumission se mêlent, comme une vierge à l’orée de sa nuit de noce ou une Geisha prête à s’offrir. Elle avait déjà entendu parler de son futur moniteur par l’intermédiaire de son frère Cao qui avait été l'élève de Chams; et celui-ci était un virtuose de la musique et bientôt doctorant en musicologie. Cao était inscrit au même conservatoire de la ville que fréquentaient les enfants de Chams. Quelques jours plus tard, après le départ de Magalie, lors de leur première discussion, Chams travaillait encore chez son ancien employeur Francky ; Lay s’installa au poste de conduite avec toute cette grâce typique des asiatiques intimidées et charmées.

_Bonjour, dit Lay d’une voix timide cristalline et presque inaudible.

_Bonjour, je m’appelle Chams.

_Oui je sais, mon ancienne monitrice et mon frère Cao me l’ont dit.

_Ah d’accord, tu es la sœur de Cao ? (Chams fut éblouit par son sourire et son cœur se mit à battre plus intensément. Il la trouva vraiment à son goût).

_Oui.

_Tu t’appelles Lï-en Nguyen ?

_Oui, mais ça se prononce Lay-ine… et puis, tout le monde m’appelle Lay.

_Et ton prénom a une signification particulière ?

_Oui, cela veut dire fleur de Lotus.

_C’est très joli.

_Et toi, Chams ? Ça veut dire quelque chose ?

_Oui, cela veut dire soleil, hum... Comme tous les soleils, plaisanta Chams, un jour ou l’autre ils explosent ou implosent…

Elle ne comprit pas où il voulait en venir, et à quoi il faisait allusion. Ces paroles avaient l'air profondes et mystérieuses. Peut-être une phrase prémonitoire. Lay eut un petit sourire discret mais charmant, elle aimait beaucoup la sonorité du prénom Chams, ça faisait un peu comme chamalow, un bonbon qu’on a envie de manger, un truc du genre. Ce premier contact fut gravé dans la mémoire des deux futurs amants comme une profession de foi, comme l’ouverture d’une prière, d’une promesse… un épitaphe ?  En effet, Lay commençait ses heures de conduite toujours ponctuelle et toujours appliquée, comme si ses gestes étaient savamment pesés et réfléchis pour atteindre la perfection. Chams était transporté par ces petites mains gracieuses et cette bouche en forme de cœur mise en valeur par du Gloss et les yeux soutenus de Khôl  ou de crayon noir : charme typiquement asiatique ; il en avait vu ou rencontré de jolies filles, mais avec autant de grâce, pas dans ses souvenirs. On aurait dit une vraie poupée de chine. Sauf qu’elle était vietnamienne. Et elle lui parla de ses origines, de la guerre du Vietnam, du communisme. Et ils se racontèrent l’exil de leurs parents, la misère, la discrimination et le racisme dont ils furent parfois victime. Ils débouchèrent sur la spiritualité, sur la vacuité du monde occidental, son non-sens, et la destruction écologique qu’il engendre. Les deux futurs amants en prirent d’autant plus conscience que juste après cette discussion sur le périférique alors qu’ils roulaient à bord de la voiture-école :

 _Oh ! S’exclama Chams, la prochaine fois évite de lâcher ton embrayage aussi vite, sinon tu auras encore du mal à maîtriser ton véhicule et tu risqueras surtout de caler. Là au milieu de la circulation, je t’avoue, que ce n’est pas trop recommandé. Je ne voudrais pas que tu fasses un accident ou que tu souffres.

_D’accord…

Quelques secondes plus tard, Lay fit cet aveu plein de spiritualité :

_la voie nous enseigne l’impermanence, que tout est provisoire. Tout est voué à disparaître, et le désir n’est que dhukha ou souffrance. C’est pour cela qu’il faut lâcher prise, se détacher de ce monde. Notre joie et notre souffrance ne viennent que de nous-mêmes : c’est pour cela que la méditation nous permet de surpasser tout cela.

_Oui, cela existe aussi en islam. Ça s’appelle Al-Fana ou l’anéantissement de son ego.

_C’est ce que l’on appelle chez nous l’éveil… Cao m’avait prévenu, je pense que tu es vraiment quelqu’un d’atypique… tu es sur la Voie je pense. Comment connais-tu tout cela ? Tu as aussi un maître ?

_Oui, sourit Chams, récemment j’ai adhéré à une confrérie ou une Zawïa. Je ne me rappelle plus à quelle Tariqa ou ordre elle s’attache.

Lay eut un sourire de satisfaction : décidément il n’était vraiment pas comme tous les amants qu’elle avait eus auparavant. Elle eut le sentiment qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. Le seul bémol : il était marié. Elle lui parla ensuite de la relation primordiale, centrale, du maître à disciple ; et que son père, était considéré comme tel ; que beaucoup de gens venaient réclamer ses conseils ou sa sagesse, parfois en partageant un moment de méditation. Chams lui-même, s’était mis à fréquenter le château de la M., siège de la confrérie soufie, suite aux invitations incessantes de son cousin Bachir. Dès lors, Chams expliqua à Lay que lui aussi avait un maître, à vrai dire plutôt pour lui plaire, car il n’avait pas encore fait allégeance au Cheikh. Elle en fut extrêmement ravie de savoir que lui aussi avait un maître. Son maître à elle, était son père et le Dalaï-lama. Lay l’écouta et acquiesça en ramenant ses mains vers son cœur pour exprimer son approbation, ou peut-être comme font les asiatiques, par respect. Ils semblaient parler en messages codés juste avec ces silences qui en disent plus long que toute déclaration enflammée. Et cela avait un côté excitant à la façon des films asiatiques tels que ’’In The Mood For Love’’ ou ’’Grandmaster’’ où la tension sexuelle atteint son paroxysme juste dans le regard et les gestes. Ce fut comme cela qu’ils s’entichèrent l’un pour l’autre : l’exotisme et la différence d’âge faisant le reste. Quant à elle, Lay essayait de persuader et si possible de convertir tous ceux qu’elle côtoyait, ainsi que son amant, de la nécessité de ne plus manger de viande, car pour elle, cela détruisait le cycle de la vie et polluait davantage l’écosystème qu’une agriculture bio plus respectueuse de l’environnement. Et elle se targuait du fait qu’elle avait initiés tous ses amis sur la voie du bouddhisme ou plutôt la pratique du végétarisme, bien que la résurrection et le Karma avaient une place primordiale dans sa vision du monde et de la vie. Cependant, ce qui frappa Chams lorsque Lay lui montra les photos de ses copines, c’est qu’elles étaient toutes d’origine maghrébine, à l’instar de ses ex petits amis, comme si le modèle culturel fondé sur un traditionalisme autoritaire et un patriarcat transmis de Maître à disciples, ou de père à fils, était un trait commun à leurs deux cultures. D’ailleurs, Lay se voyait comme le fils à son père, et non comme sa fille ; contrairement à son frère Cao qui ne supportait plus l’autoritarisme paternel. De plus, quand elle apprit par son frère que Chams avait écrit un livre sur Pourquoi j’avais honte d’être d’origine maghrébine et musulman, elle ne put que s’en réjouir et en être confortée dans ses convictions, elle qui n’avait jamais eu honte d’être ce qu’elle était, bien qu’elle lui avoua qu’elle était complexée par ses yeux bridés et d’autres obsessions qu’avaient en général les asiatiques ; Lay vit à travers ce manuscrit-témoignage une faille, un mal-être de son amant, et pensa que si l’islam ne lui avait pas apporté la plénitude et la sérénité escomptées, c’est qu’il se cherchait encore, qu’il cherchait la Voie. Chams de son côté espérait l'intéresser à l’islam. Mais par-dessus tout, ce qui lui tint à cœur était de l'interressser à cet essai, notamment sur la question complexe de l’identité. Son manuscrit s’intitulait en effet, Pourquoi j’avais honte d’être d’origine maghrébine et musulman et en sous-titre,  Le complexe postcolonial et identitaire, et qu’il ne tarda pas à proposer à Cao. Ce dernier de son côté, lui fit écouter via son portable et le site de partage Youtube, les quelques morceaux qu’il avait joué en concert et quelques compositions personnelles. Chams fut impressionné par sa dextérité et son talent indéniable de pianiste. Cao était vraiment un virtuose du piano. Dès leurs premières heures de conduite bien avant que Chams n’eût connu sa sœur, beaucoup d’affinités s’étaient tissées entre eux. Chams lui chanta quelques chansons pour lui faire écouter le timbre de sa voix, et dans leur admiration réciproque, ils projetèrent tous deux de jouer ensemble un morceau connu, Bohemian Rapsody de Queen. Puis Chams lui récita un petit poème qui ravit Cao. Et en gage d’amitié, il lui en fit cadeau sur une feuille libre, avec une petite dédicace bien-sûr. Entre artistes, cela était la moindre des choses.  Puis, dans un autre registre plus personnel, Cao avait fait part à Chams de ses soucis avec son père, « Mon père pense avoir la Vérité absolue, il veut toujours avoir raison. Il est très autoritaire, il déteste le moindre écart. Je n’en peux plus, il m’oppresse.

_Pourquoi ne cherches-tu pas à aller vivre ailleurs, une fois ton diplôme en poche ? Je ne sais pas, à Paris par exemple, où tu pourrais jouer j’en suis sûr sans nulle difficulté dans un prestigieux orchestre ou dans un Music-Hall, ou dans un groupe.

_Je ne sais pas, murmura Cao, flatté.

_Tu as peur ?

_Oui.

_De quoi ? De la réaction de ton père ?

_Il ne prend pas au sérieux ma musique. Pour lui ce n’est que de l’enfantillage, de la perte de temps : un domaine où l’ego et le narcissisme dominent, toujours à la recherche de la reconnaissance et du succès. Et puis, je veux suivre ma voie. La musique c’est tout pour moi. La méditation, le bouddhisme, je respecte tout cela, mais passer ma vie dans des monastères, ça n’est pas pour moi.

_ Je comprends, murmura Chams d’une voix grave. Mon père aussi, n’a jamais pris au sérieux ce que je faisais lorsque je chantais dans mon groupe de rock à l’époque. Mais si tu veux ton indépendance, tu dois partir. Tu dois quitter le foyer familial et prouver que tu es capable de te prendre en main. Parce que là ils te considèrent toujours comme le petit enfant qu’ils ont toujours connu : hésitant, indécis.

C’était incroyable et culotté de la part de Chams d’affirmer de telles choses, parce que lui-même n’avait jamais réussi à le faire, d’aller à l’encontre de l’avis de ses parents et de quitter le foyer familial. Philippe le lui avait dit : « tu portes ta famille en toi, où que tu ailles elle est là, et elle t’empêche d’avancer comme un poids ».

_Mais j’ai l’impression, reprit Cao, que je n’y arriverais jamais, et que même si je partais, il serait toujours dans ma tête, surtout si je venais à échouer. J’entends déjà son discours : je te l’avais bien dit mon fils, la musique n’est qu’illusion, futilité, passion, désir. »

À cet aveu Chams se reconnut en Cao. Chams aussi ressentait cela vis-à-vis de son père, sauf que cette peur il ne la dévoilait jamais aussi ouvertement. Ce n’est que depuis qu’il s’était marié, qu’enfin ayant son propre foyer, que la tension avait un peu diminué avec son paternel. Mais elle était toujours là, présente comme un bourdonnement constant ou comme une menace insidieuse prête à ressurgir à tout moment : « Les parents c’est sacré (Bir Al-Walidine) ! Il ne faut jamais les contrarier ! Car si tu venais à le faire, tu risquerais le courroux de Dieu », répétait invariablement sa mère Tadla. Et puis après tout, si Chams était toujours dans la région, non loin de ses parents, ce n’était pas le fruit du hasard : quelque part, n’avait-il pas échoué dans la réalisation de ses rêves à cause de cela ? N’avait-il pas reproduit le lien tribal ? La famille avant la consécration professionnelle ? Il le savait, et c’est ce qui au fond de lui-même, le rongeait et l’attristait davantage. « Ne fais pas la même erreur que moi Cao, réalise tes rêves, expliqua Chams dans un moment d’aveu résigné, et peu importe l’opinion des autres, fut-ce celle de ton père, va-t’en et fais ce qui te plaît. Et puis, si tu te plantes, c’est la vie. Il faut persévérer jusqu’à ce que tu y arrives » Cao le regarda étonné et ému par la franchise de son enseignant. Il acquiesça. Une amitié et un profond respect étaient nés.

Ce qui avait aussi motivé Lay de changer de moniteur, ce fut la curiosité ou l’attirance de cet enseignant dont lui parlait son frère Cao. Le soir chez ses parents, elle jeta quelques regards curieux sur ce manuscrit que tenait son frère dans ses mains. Ils parlèrent de cet enseignant de la conduite pas comme les autres, qui apparemment avait fait aussi des études universitaires et qui avait une inclination pour la beauté artistique, bref un type très ouvert et très cultivé. Lay entreprit d’en lire l’introduction et en fut très impressionnée. Comme nous l’avions vu, ce manuscrit, cet essai qui ne sera jamais publié, allait devenir leur point de discussion, de rencontre. En effet, ce manuscrit allait être le point d’orgue de leur relation amoureuse, comme l’enfant qu’ils chériraient ensemble.

INTRODUCTION

Au début, je pensais que je faisais des études pour faire plaisir à mon père. Je ne voyais pas que celles-ci allaient constituer ma personne, ma réflexion, mon devenir, mon ouverture aux autres. Ecrire est une façon de témoigner, d’exister, de dire tout haut ce qui se dit tout bas. Ou du moins, ce que pensent les gens à qui très souvent on a confisqué la parole. J’ai commencé à écrire ce livre bien avant le 11 septembre 2001, en juillet 2000 précisément. C’était un cri de rage : voyant la situation des quartiers, de l’école, se dégrader, et les nouvelles générations « perdues »; je me demandais « mais où va-t-on comme ça ? » Beaucoup de textes de cette époque sont restés « bruts de décoffrage ». Mais je ne savais pas où j’allais, quelle était ma problématique. Puis, au fil des années et de mes réflexions, de mon introspection, mon livre prit forme. En effet, ma partie autobiographique et mes paragraphes en général me suggéraient autre chose. Cela devenait une évidence. Et ce qui ressort de manière générale, c’est « pourquoi j’avais honte d’être d’origine maghrébine et musulman » ou le complexe postcolonial et identitaire. Complexe que l’on peut comprendre et aussi bien définir dans le sens de compliqué, multiple, composé d’éléments différents ; que dans celui plus psychanalytique, renvoyant à un ensemble de sentiments et de représentations partiellement ou totalement inconscients, pourvus d’une puissance affective qui organise la personnalité de chacun. Mais ici, dans ce cas précis, je parle surtout de complexe postcolonial, parce que celui-ci est lié à une histoire particulière, et que ce blocage psychologique, nous l’avons hérité par le biais de nos parents et des représentations que la société à de nous, qu’elle a d’elle-même, et que nous avons de nous-mêmes.

Lay tourna quelques pages pour en venir à la fin de l’Introduction. Cela lui donna une idée des préoccupations existentielles qui animaient son futur amant. Elle comprit alors, que c’était un être complexe, passionné et tiraillé. Elle lut ces deux derniers paragraphes de cette introduction signée de son prénom et de son nom, et la date scellant cet essai pour l’éternité comme quelques phrases écrites en épitaphe sur une tombe ou encore des initiales entourées d’un cœur et gravées sur le tronc d’un arbre. 

(…) En attendant, l’actualité a fait des héritiers de l’immigration africaine une population dont la visibilité est souvent réduite aux attentats, aux émeutes de banlieues et aux problèmes de délinquances, les sujets objets du temps médiatique. Ma perspective est au contraire de resituer mon questionnement sur cette identité française et musulmane, qu’il faudra tôt ou tard admettre et accepter. Pour cela, il faudra repenser la question de l’identité en passant par l’Histoire et les questions culturelles, les parcours individuels, les représentations, la notion même de « modernité » à laquelle très souvent, inconsciemment même, y est accolée une réalité ou une volonté « d’occidentalisation », qui est perçue de manière négative surtout par des populations qui ont vécu le traumatisme et l’humiliation de la colonisation.

Bouroumi Chamseddine, Octobre 2010.

Chams proposera à Lay de le corriger, même si cela avait été fait au préalable par une correctrice que lui avait conseillée son ami Philippe via le net, document envoyé en fichier joint. Lay ne manqua pas de souligner quelques passages du manuscrit où les tournures de phrases étaient maladroites, mais elle se rendit compte que c’était son style d’écriture qui imposait ce rythme et cette musicalité. Elle parsema le manuscrit de smiley surtout lorsqu’il y avait des allusions positives et bienveillantes à l’égard du bouddhisme et sur le sort des tibétains. Même si au vu du génocide perpétré par les moines nationalistes (Ashin Wirathu leader du mouvement nationaliste en Birmanie et admirateur d’Hitler) à l’encontre des Rohingya, et le silence de la communauté internationale et de la présidente Aung San Suu Kyi prix nobel de la paix, l’image de cette présidente tardait à être remise en cause. Ce que Lay condamnait et comprenait parfaitement au vu des ravages impérialistes qu’avait subi le pays d’origine de ses parents : le Vietnam, considéré longtemps comme ennemi à abattre et rempart du communisme. Non pas que Lay fut communiste, mais il était clair que d’une position à une autre, il était très facile de passer du statut d’ennemi à ami, surtout si cela représentait une menace à l’idéologie et aux intérêts occidentaux. 

Quelques semaines plus tard, Lay rata son permis pour avoir empiété sur le marquage réservé au bus. Ils ne se revirent que quelques mois plus tard. Elle n’était libre que pour les vacances scolaires, et tout le restant de l’année elle étudiait dans son école de commerce. Toutefois, elle avait hâte de retrouver celui qui allait devenir son amant.

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