II

 

Le tramway monorail entre en gare silencieusement et lumineux comme une flèche traversant la végétation luxuriante. A travers les vitres les utopiens peuvent admirer les parcs naturels et les quelques espèces animales ramenées de la terre. On se croirait dans une immense arche de Noé ou un zoo. Amanda est heureuse, elle pose sa tête sur l’épaule de Qays. Ils sont assis côte à côte comme des amoureux. Ils regardent les enfants riant avec leurs parents. Qays imagine que cela pourrait être eux plus tard. Des écrans annoncent la météo, les différentes activités du lac Virginia Woolf ; sur d’autres pancartes LED, on peut voir des compétitions sportives, le dernier concert donné par le virtuose Ataka Goshi et la diva Luna Interstella, rejouant des classiques de Mozart, de Beethoven, de Bach, et de Chopin. Doté de sa baguette Ataka Goshi peut diriger des orchestres aussi impressionnants que prestigieux, sans jamais faiblir, et plus précis qu’un métronome. Amanda opte pour ce programme, et branche son Smartphone en mode wifi, pour se délecter de cette voix miraculeuse mezzo-soprano ténor de Luna Interstella, une jeune fille longiligne au type asiatique et dont les yeux brillent d’émotion à chaque crescendo. Amanda en a les poils tout hérissés. Quant à Qays il opte pour des coaches de yoga fitness en tenue plutôt sexy. Amanda semble grogner un peu, mais sait que Qays la provoque. Et il aime ça. Il sent une légère érection et un frisson qui lui traverse toute l’épine dorsale, et trépigne d’impatience de faire un jour l’amour à son amie, même si elle ne se doute de rien encore. En cachette, il lui arrive aussi de voir de vieux clips vintage de Jason Deluro, ou de Chris Brown, avec toutes ces nanas en mode twerk ; sans oublier la filmographie de films X de l'époque pré-apocalypse interdits par les lois en vigueurs sur Utopia. Ça lui donne un sentiment d’être rebelle, subversif.

En effet, la politique contre la pornographie reste de mise sur Utopia. Marcus Walter avait estimé que celle-ci pervertissait la jeunesse et les rapports humains, réduisant la femme à un objet ou à un morceau de viande. Allant même jusqu'à dire qu'elle reflétait l'esprit animal et inhumain des terriens ce qui pouvait être une des explications du désastre, avec à l'appui une argumentation fondée sur les pulsions de mort et la sexualité en générale chez Freud. Les soft porno ou les nouvelles érotiques et les œuvres d'art sont privilégiés, contrairement à d'autres comme ceux d'Egon Schiele ou les oeuvres du Marquis de Sade : tout ce qui ne sont pas images choquantes et dégradantes ; idée force de Marcus Walter, l’érotisme nourrit de la passion plutôt que la mécanique pornographique de l’épuisement du désir. D’ailleurs, les mouvements féministes férus de Simone de Beauvoir, n’ont eu de cesse de manifester en faveur d’une meilleure image de la femme. Fini les vidéos clips à la Hold School Nicky Minaj ou encore tous ces sites pornos gratuits, et ces affichages indécents. Pourtant, certains filous ont réussi à trouver via des données satellitaires des restes de sites et de films pornographiques, au moins quelques giga ou tera, suffisamment de quoi alimenter des fantasmes et stimuler la libido, certes de façon illégale. Et cette came se passe sous le manteau comme lorsque les livres licencieux à l’époque des libertins du XVIIIème siècle ou de Guillaume Apollinaire, ou comme la contrebande lors de la prohibition aux Etats-Unis, et autres régimes puritains sous le contrôle d’une police des mœurs. Toutefois sur Utopia l’alcool et la marijuana y sont tolérés de façon domestique pour consommation privée, mais interdite de vente en public. Le gouvernement donnant un certificat thérapeutique pour ceux atteint de cancer ou encore ceux qui veulent perpétuer une tradition de consommation viticole. Bien entendu sur ordonnance.

Amanda après s’être repue l’âme de mélodies baroques et enchanteresses, se tourne vers Qays et lui demande :

_Au fait Qays, dis-moi, cette fille…

Qays tout absorbé par le grand écart des coaches en yoga fitness, ne fait pas attention. Et balbutie vaguement par un Quoi ?

_Et oh, je te parle ! Tu pourrais au moins avoir la décence de mettre pause et de m’écouter. Surtout que ces filles en body font toujours les mêmes mouvements. Je ne vois pas ce qu’il y a d’intéressant.

_Moi ça me détend, répond Qays pour justifier.

_Oui bien sûr, c’est vrai que tu es un type vachement stressé à la base, renchérit Amanda.

_Qu’est-ce que tu voulais me dire de si important ?

_Rien, se renfrogne Amanda. Laisse tomber. Quand tu feras plus attention à ce que je dis, on en reparlera.

_Si, si, je t’assure, ne te vexe pas, dis-moi. Qu’est-ce que tu voulais me dire ?

_On en reparlera plus tard.

 

Dans le ciel un point lumineux, on dirait une météorite.

Qays tente de poser sa main sur la cuisse d’Amanda. Elle ne réagit pas et continue de regarder la comète qui fendille l’espace pour rentrer en contact avec la terre.

_C’est si beau cette lumière dès qu’on franchit la lune, entre le jour et la nuit, comme ces aurores boréales en antarctique, murmure Amanda.

Utopia est petite en comparaison de la lune, du coup le versant Ouest est vite submergé par le voile de la nuit, et le versant Est reste illuminé quelques heures. Parfois, cela est régulé par des rétro-réacteurs qui calculent l’axe de rotation de la station de façon à répartir l’ensoleillement de manière équitable à tous les habitants. Toutefois, Utopia tourne sur une sphère orbitale assez éloignée de la lune, et parfois davantage en cas d’explosions atomiques provoquées par la guérilla de droïdes, dans cette guerre de tranchées entre machines armées. Une partie d’échec où la devise est aucun dommage collatéral humain, que des pertes matérielles, jusqu’à pousser la partie adverse à l’endettement, et ensuite l’annexer ou la coloniser tout en demandant réparations, un genre de plan Marshall. Souvent, ils gardent les mêmes dirigeants, même si les plus fiers démissionnent, pour en faire un protectorat. L’une des stations qui commence à être hégémonique, et qu’Utopia observe avec inquiétude, est la station Atlantis. Toutes ont signé le pacte de non intervention directe, et le risque zéro de pertes humaines : s’inspirant de ces versets, qui tue une vie tue toute l’Humanité, et qui sauve une vie sauve toute l’Humanité.

 

Une vieille veuve assise en face d’eux, sourit tendrement. Cela lui rappelle son défunt mari. Leurs débuts, leur rencontre sur Utopia… le tram la dépose à l’arrêt suivant, et elle leur dit comme une gentille mamie gâteuse : « qu’est-ce qu’ils sont trop choux ! ». Qays sourit, gêné, et Amanda lui prend le bras et l’embrasse à nouveau sur la joue.  

Puis Qays ose une caresse plus poussée, remontant légèrement sa main jusqu’au bas ventre. Amanda sursaute : tu fais quoi là ?

_Heu, rien, balbutie Qays. Juste j’aime bien la texture de ton jean.

_Merci c’est sympa.

Amanda ne voit rien. Amanda ne comprend rien, ou peut-être fait-elle semblant. Pourtant Qays est comme un petit chiot en manque d’affection. Mais depuis qu’ils sont tout petits, il lui fait souvent cette tête de chien battu. Puis, elle le regarde et elle l’embrasse sur la joue comme une petite sœur. Innocemment. Mais là, il sent son corps de jeune femme, son parfum, la douceur de sa peau. Et ses yeux reflètent toute la galaxie.

 

 

Ils font les magasins, Qays s’impatiente, même s’il adore regarder Amanda essayer des tenues à la mode de Paris. Il la trouve si charmante, certes moins sexy que le modèle que lui a sélectionné le serveur informatique, selon ses goûts, ses critères, et son historique sur le Net. Surtout qu’elle lui rappelle cette texture synthétique de ces androïdes sexuels que l’on peut louer dès la majorité, même si ses parents et ses amis ne l’ont jamais su. Cela l’effraie, et si cette fille n’était qu’un robot sexuel ou un répliquant ? Comment faire la différence, celle-ci est programmée pour ça et imite les humains à la perfection. Sauf que Qays, leur bande systématiquement les yeux et tout ce qui ressemble à une webcam il s’en méfie jusqu’au moindre grain de beauté suspect, pour être recouvert de sparadrap. Et il sait faire la différence parce qu’elles refusent certaines pratiques sexuelles qui ne sont pas conforme à la doctrine de Marcus Walter. Au bout d’un moment Qays a vite fait le tour, et s’ennuie. Faire l’amour dans ces conditions c’est comme une série de katas. Rien ne sort des clous. Pourtant, il n’a couché avec ces androïdes sexuels que quelques fois, vu le tarif, ses économies y passent presque souvent. Au moins, il n’y a ni séparation, ni pleurnicheries, que du sexe... heu pardon, de l’érotisme. Même si parfois il a l’impression de baiser une boîte de conserve ; certes, la peau d’une texture douce à base de silicone et les parties génitales au téflon, confère un réalisme à ces mannequins droïdes impressionnante proche de la perfection, sauf que leur banque de données interactives pour faire une conversation sont soit limitées, soit en mode indirect effectuées par une téléopératrice. Qays a reçu des blâmes de l’agence de location, du fait qu’il leur obstrue la vue, mais il leur a dit que c’était son fétichisme à lui, et que c’était plus fort que lui. Bien entendu il a essayé de réitérer l’expérience avec l’étudiante que lui avait sélectionnée le site de fête du bal de fin d’année, mais celle-ci n’a pas apprécié son initiative, préférant voir l’expression de son amant au plus fort de la copulation, ce qui l’excite.

Du reste, Qaïs a de vieilles lunettes virtuelles en 3D, et rien de mieux que mater un vieux porno dans ces conditions. Ce qu’il aime par-dessus tout ce sont les compilations de vidéos selon la catégorie sexuelle. Rien à dire, Qays préfère le virtuel au réel. Il n’y a qu’Amanda qui lui fasse autant d’effet.

 

Dans la galerie marchande des drones laissent entendre leur bruit d’hélice, comme des bourdonnements de frelons à peine perceptibles. Qays les déteste. Il s’en méfie comme de la peste. Après tout, à quoi ça sert toutes ses heures d’enregistrement. D’autant plus, qu’Utopia a un pourcentage de criminalité frôlant le nul. Les déviants sont envoyés en maison de rééducation, et les récidivistes sur la terre comme ces deux anarchistes qui apparaissent maintenant sur tous les écrans. Ils savent leur sentence, et leurs parents se confondent en mille excuses et en larmes incessantes. Mais les deux dissidents fixent la caméra le poing levé en l’air, ils ont vu faire ça. Une vieille vidéo des Black Panther, et ça leur a plu, ce geste digne des héros de la Grèce antique, un côté théâtral, de super héros. Superman avant son décollage.

Même Qays aime bien ce geste, du moins la dignité que cela leur confère, même si la sentence est implacable : condamnés à six mois de bannissement sur la terre, avec repentance publique, mea-culpa et serment de ne plus recommencer. Sinon, la peine sera doublée, s’ils survivent d’ici là.

Maintenant l’un d’eux s’exprime et reproche à ces hauts magistrats de faire partie d’une caste qui aurait tendance à donner son pouvoir décisionnel aux enfants d’autres phylarques, comme un titre de notaire ou nobiliaire. Certains étudiants l’avaient remarqué suite à des analyses approfondies, qui ont fait l’objet de leur thèse, et démontré ce type de collusion. Bien entendu, les médias et les phylarques en question, ont démenti de telles assertions, et ont accusé les jeunes étudiants de calomnies et de diffamation.

Qays ne le dit pas, mais il partage ce point de vue, qu’Utopia est une oligarchie fondée sur le népotisme et la corruption. Même sur les réseaux sociaux, il reste très prudent, de peur d’être assimilé lui aussi à un dissident. Les jeunes étudiants condamnés sont qualifiés de terroristes. Les journalistes font même des débats pour savoir s’il faut encore enseigner Karl Marx et ses théories de Lutte des classes. Tout le monde sait les révolutions que cela avait occasionnées en Russie. Les nihilistes, les anarchistes, puis les bolchéviques…

De plus, les deux jeunes hommes s’appellent Karl et Max, leur prénom déjà présente une certaine similitude avec le nom du fameux philosophe. Et cela n’a échappé à personne, comme une identification ou un ironique coup du destin. Les avocats qui les défendent ont expliqué devant la cour de justice, que du fait de leurs prénoms ils se sont identifiés au penseur allemand et à la révolution russe, et que s’ils ont saboté l’aiguillage d’un des tramways, ce n’était que pour attirer l’attention, et qu’ils n’avaient pas essayé d’attenter à la vie du phylarque, c’était juste pour lui faire peur. Et que c’était pour une histoire passionnelle. L’un d’eux, en effet, est amoureux de la fille de l’illustre représentant. Et que cet acte désespéré, n’avait pas l’intention de faire des victimes. Mais juste des dégâts matériels. Ils avaient écrits à la bombe aérosol leurs revendications, un genre de symbole anarchiste, selon la partie civile, et des critiques à l’égard des phylarques avant de passer à l’acte ; le temps que les drones les interceptent en leur jetant pour les paralyser des filets électrifiés, et d’envoyer du renfort policier sur le terrain. Pour la défense, il en est tout autrement, que si le Phylarque n’a jamais voulu que sa fille fréquente le jeune étudiant, c’est parce qu’il se considérait de la haute classe dirigeante, et que ce sentiment de supériorité ou d’élitisme est antidémocratique et contre les idées utopiennes d’égalitarisme. Et qu’il faut reconsidérer ce procès, qu’en réalité les vraies victimes ne sont pas celles que l’on croit.

   

Les infos sont en continu, et cela focalise l’attention des gens qui arrêtent momentanément leurs activités : on voit sur l’écran des parents en pleurs et qui comprennent que leurs enfants multirécidivistes vont être bannis d’Utopia et voués à une mort quasi certaine sur la terre. Sauf si miracle, comme cela est arrivé quelques fois, certains ex-délinquants sont devenus des repentis exemplaires, dont notamment l’un d’entre eux, le professeur Ben Ahmed qui est même devenu enseignant à l’université et spécialiste de Dostoïevski.

Comme tous les condamnés, il leur sera donné des provisions, des armes blanches pour survivre, et le tout sera suivi par des drones, spectacle vivant ou téléréalité dont sont friands les utopiens. Les scènes de violence censurées, bien sûr, avec des citations de grands penseurs pour faire abstraction des scènes qui peuvent heurter le public, sur fond de musique classique. Et les séquences les plus prisées bien sûr, sont surtout celles lorsque les bagnards font actes de contrition et expriment leurs regrets après avoir échappé miraculeusement au pire. Cela contribue aussi à décourager tous ceux qui auraient des idées séditieuses ou de rébellion sur Utopia. Mais ce que peu de gens savent, c’est que les phylarques ne censurent pas les images du haut de leurs sièges, et se délectent du spectacle dans une forme de plaisir sadique. Faut bien qu’ils se vengent à leur manière.

 

Quant aux journalistes, vu que c’était leur premier dérapage, ils ont reçu un blâme et des travaux d’intérêts généraux. Ils se sont excusés.

 

Les grands-parents d’Amanda sont vieux. Ils ont toutes sortes de prothèses et d’appareils pour les aider à faire leurs gestes avec facilité au quotidien. Le post humanisme n’a pas encore réussi à faire des humanoïdes parfaits comme dans les films de sciences fiction, mis à part les esclaves sexuelles du marché noir, programmées pour des gestes répétitifs et un sens de la discussion assez limité : « J’aime ta bite, enfonce-la profond ! », « Fais-moi jouir » et autres phrases du même acabit si cher à l’ancienne industrie porno. Pourtant la chirurgie moléculaire réparatrice a fait des progrès considérables, de même que le clonage de cellules, mais le cap du double humain ou de récupérer le cerveau et le cœur d’une personne n’a pas encore été atteint. Mais ce type de recherche a été interdit depuis l’assemblée générale de l’éthique et de la médecine. Les démographes ont estimé que la mort naturelle permettait une meilleure régénérescence, de même que les biologistes qui confirment par l’argument de la biodiversité. Darwin avait déjà établi cette hypothèse, que ne survivent que les plus forts, ce qui permettait une mutation de l’espèce. A quoi bon maintenir des corps faibles ou des êtres déficients, si ce n’est le rêve prométhéen de la vie éternelle ?

 

Qays a apprécié la moussaka de la grand-mère. Ils ont le même sourire bienveillant que la veuve du tramway. Et Amanda ne comprend toujours pas. Bien que, elle aussi éprouve une certaine curiosité à l’égard de cette fille avec laquelle Qays aurait perdu sa virginité au bal de fin d’année. Amanda n’a pas non plus connaissance des expériences de son ami Qays avec les androïdes sexuels. Une fois, elle en avait croisée une sur le palier de son appartement, il lui a fait croire que c’était une VRP (vendeuse à domicile). Et puis, le désordre constant dans ce studio de jeune célibataire, ne peut pas lui apporter des éléments de preuve. Et le parfum n’avait jamais levé de soupçon, car il expliquait que c’était celui d’un vaporisateur d’ambiance, vu que son appartement sentait souvent la transpiration et les chaussettes. Comme une call-girl digne de ce nom, celles-ci portent des parfums d’homme, ou des déodorants d’ambiance.    

_Alors c’était comment avec cette fille au bal de fin d’année ? demande Amanda piquée par la curiosité.

_Quelle fille ? demande faussement Qays.

_Celle que t’a sélectionné le logiciel de rencontre, tu sais. Cette fille du Campus de l’Université Georg Wilhelm Friedrich Hegel, sur la côte Ouest, de Terra City.  

_Et toi, avec le jeune homme que tu ne m’as pas présenté la dernière fois ?

_N’importe quoi, c’est juste un camarde de promo.

_Et si le logiciel te donne un beau mec, tu coucheras avec lui ?

_Peut-être, peut-être pas… tu sais, les algorithmes ne sont pas fiables à cent pour cent. Et puis j’ai des goûts tellement opposés, que je me demande comment ils arriveraient à déterminer mon type de gars ou de fille. Après tout…

_Hum, ouais, grommelle Qays. Tu as raison, c’est de la foutaise moi je dis.

_Bien que les statistiques annoncent que 80% vivent ensemble durablement, voire se pacsent ou se marient. Les divorces sont rares…

_C’est tellement prévisible, tout est prévisible, ça me fatigue, rouspète Qays. Et puis le mariage c'est une institution archaïque de l'ancien monde.

_Tu veux quoi toi ? Lui demande Amanda.

_ça.

Et Qays l’embrasse brusquement, un long baiser tendre et plein de chaleur.

Amanda n’en revient toujours pas. Elle s’excuse. Confuse, elle se lève et s’en va. Elle quitte la chambre d’amis précipitamment. Ses grands-parents ne comprennent pas.

_Vous vous êtes disputé ? demande la grand-mère.

_Non, murmure Qays déçu. Je vais y aller moi aussi. Merci pour tout.

Il prend un vélo lib afin de retourner vers le quai d’embarquement du tram monorail. Le lac est magnifique, aux reflets gris lunaire, c’est déjà le crépuscule. Il n’aura même pas fait de parapente. Il n’a plus le cœur à ça. Il ne comprend pas pourquoi Amanda est partie comme ça sans aucune explication. Elle avait l’air non pas contrariée ou énervée, mais plutôt surprise, voire triste. Il la connait bien, et sait interpréter la moindre mimique de son visage. Pourtant là, il ne comprend plus. Ce qu'il ne sait pas c'est qu'Amanda est amoureuse d'une fille de la promo, une certaine Léa.

 

ZAHRA DJAM.

Retour à l'accueil